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L'Opinion | Maroc | 14/05/2025 | Lire l'article original
Pour la première fois au Maroc et en Afrique du Nord, une tumeur a été neutralisée par le froid grâce à une cryoablation, une technique innovante menée avec brio par le Dr Alae Mrani Zentar, spécialiste de la radiologie interventionnelle. Zoom sur cette avancée médicale dans notre interview exclusive.
En tant que premier médecin au Maroc et en Afrique du Nord à avoir pratiqué une cryoablation, pouvez-vous nous expliquer l’origine de cette technique, ses particularités post-opératoires, et ce qui la différencie des approches chirurgicales classiques ?
La cryoablation est une technique d’ablathérapie innovante qui utilise le froid pour détruire les cellules tumorales. Contrairement aux anciennes méthodes basées sur la chaleur (radiofréquence introduite au Maroc en 2002, micro-ondes vers le milieu des années 2010), la cryoablation surmonte certaines limites, notamment près des vaisseaux sanguins ou pour les tumeurs de plus de 2 cm, et dans des localisations complexes comme les poumons ou les tissus mous. Elle consiste à introduire un gaz via un applicateur guidé par imagerie (échographie, scanner ou IRM), pour abaisser la température tumorale à -40 °C. Ce froid extrême détruit d’abord la membrane cellulaire, puis les composants internes, en deux cycles successifs, permettant l’élimination complète de la tumeur.
Ce qui distingue la cryoablation de la chirurgie traditionnelle, c’est son caractère mini-invasif : il n’y a pas d’incision, donc pas de complications chirurgicales ni d’anesthésie générale dans la majorité des cas. L’intervention se fait souvent sous simple sédation ou anesthésie locale. Les suites sont légères, et le patient peut sortir dès le lendemain, reprendre rapidement ses activités et éviter une longue convalescence. Par exemple, pour une chirurgie pulmonaire classique, la récupération complète prend environ 30 jours, avec au moins deux semaines d’hospitalisation et des séances de rééducation. Pour la première intervention pulmonaire réalisée par cryoablation, il s’agissait d’un petit nodule paracardiaque, une localisation difficilement accessible par chirurgie ou radiothérapie stéréotaxique. La chirurgie aurait nécessité une lobectomie, c’est-à-dire retirer tout un lobe du poumon gauche, ce qui aurait été trop invasif pour ce patient âgé qui avait une capacité respiratoire limitée. La cryoablation a donc permis de traiter précisément la lésion tout en préservant le poumon.
Quelles étaient les principales conditions à réunir pour rendre possible cette première au Maroc ? Et pourquoi ce type d’intervention n’avait-il encore jamais été pratiqué en Afrique du Nord ?
En 2015-2016, j’ai eu la chance de débuter l’utilisation de la cryothérapie en France, alors que cette technique était encore à l’essai. À l’époque, les freins étaient technologiques et logistiques : la technique n'était pas encore validée, les études étaient en cours, et il fallait de lourdes installations pour produire du gaz de l’argon médical sous haute pression. Ce n’est qu’en début 2024, avec l’arrivée de nouvelles machines plus simples (comme celle de Boston), utilisant de l’argon comprimé à 300 bar en bonbonnes, que nous avons pu l’introduire au Maroc. Il a fallu près d’un an pour enregistrer la machine, importer le gaz, constituer un stock et mettre en place un système de recharge, avec le soutien de notre fournisseur Cardio Plus. En janvier 2024, les études ont validé officiellement l’usage de la cryothérapie dans le traitement du cancer, et nous avons pu en faire bénéficier nos patients en mai 2024.
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