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Aujourd'hui Le Maroc | Maroc | 14/11/2023 | Lire l'article original
Au Maroc, l’intoxication par les plantes est un problème de santé publique qui a pris de l’ampleur ces dernières années. Elle peut survenir dans des circonstances accidentelles ou volontaires et peut être mortelle.
Le Centre Antipoison du Maroc (CAPM) a récemment publié un numéro spécial dédié aux intoxications par les plantes et les produits de la pharmacopée traditionnelle au Maroc qui figure dans le dernier numéro de sa publication officielle « Toxicologie Maroc ». Dans cette publication, le CAPM attire l’attention sur cette problématique trop méconnue. La législation à ce sujet est toujours défaillante et les vendeurs de plantes ne sont pas contrôlés. Ainsi, le CAPM appelle les autorités habilitées à réglementer, à normaliser ou à contrôler l’importation, la distribution et la commercialisation des plantes et des produits de la pharmacopée traditionnelle. Les citoyens doivent être vigilants quant à la consommation des plantes et des mélanges de plantes qui leur sont proposés.
Ce type d’intoxication a pris de l’ampleur ces dernières années. Un suivi régulier de leur épidémiologie est primordial surtout que les données sur ces intoxications sont peu fréquentes. Dans une étude rétrospective sur une période de 11 ans (du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2019), le CAPM a essayé de déterminer les caractéristiques des expositions humaines aux plantes et aux produits de la pharmacopée traditionnelle. Durant la période de l’étude, le CAPM a reçu 1.826 déclarations d’intoxications ayant concerné 183 plantes et produits de la pharmacopée traditionnelle avec une moyenne de 166 cas par an. Les incidences sont variables d’une année à l’autre et région à l’autre. L’incidence calculée sur la période de 2017 à 2019 était de 11,87 cas pour 100.000 habitants dans la région de Rabat-Salé-Kénitra et zéro cas pour 100.000 habitants dans les régions du sud du Maroc.
L’incidence moyenne a varié entre 3,23 et 4,85 cas pour 100.000 habitants. La majorité des déclarations d’intoxication provenait des préfectures de Rabat, Casablanca, Marrakech et Fès. Les intoxications se sont produites essentiellement en milieu urbain (79,8%), surtout à domicile (63,7%) et étaient essentiellement isolées (76,2%). La circonstance accidentelle était la plus représentée (56,4% des cas). Le ricin est le plus incriminé dans les cas d’intoxication (10,9%), suivi du chardon à glu (10%). Pour les cas où la voie d’intoxication était précisée, celle-ci était orale dans 84,61%, cutanée dans 6,08%, par inhalation dans 1,81% et oculaire dans 0,33%. Les patients étaient symptomatiques dans 53,4% des cas et présentaient essentiellement des signes gastro-intestinaux (47,5%), suivis des signes neurologiques (24,05%). La létalité générale correspondait à 5,21% (67 cas de décès) dont 66,7 % des cas étaient des enfants.
Le chardon à glu est responsable de 19,4% des cas de décès pendant la période de l’étude (13 cas de décès), suivi de mixture de plantes dans 13,43% (9 cas), puis du ricin dans 7,46% (5 cas). Le CAPM estime que la lutte contre ces intoxications requiert un plan d’action qui devrait être intégré dans le programme scolaire. Le Centre antipoison a déjà mis en place des conduites à tenir face aux intoxications par les différentes plantes incriminées. Selon le CAPM, celles-ci devraient être évaluées et faire l’objet d’une diffusion auprès des praticiens.
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