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La presse | Tunisie | 25/07/2007
C’est depuis le 1er juillet que le nouveau régime de la couverture sociale est bel et bien lancé. Il concernera de fait, et pour un premier temps, la femme enceinte ainsi que les maladies longues durées ou chroniques. Toujours est-il que, comme tout démarrage, un système réaménagé à l’échelle nationale requiert du temps pour huiler son circuit.
La Caisse nationale d’assurance maladie, la Cnam, s’attelle depuis un moment déjà à implanter la logistique nécessaire dans ses guichets par les équipements hérités des deux anciennes caisses, la Cnrps et la Cnss. Or, si l’on peut se passer dans les centres d’accueil du distributeur de tickets, le dispatching numérique pouvant se faire à l’aide d’un concours humain, il est en revanche impensable d’organiser la procédure longue et fractionnée de remboursement, de référencer les formulaires et de revoir l’historique de chaque affilié, sans les ordinateurs, administrativement indispensables. Durant cette passation, l’installation du matériel, les migrations des programmes informatiques et leur uniformisation prennent plus de temps que prévu en cette période de séance unique et de congés, où le rythme de travail se trouve forcément ralenti.
Les témoignages des assurés sociaux rencontrés dans le centre de la Cnam, au siège central et dans un guichet situé au Bardo, donnent une idée sur un certain état d’impréparation du nouveau régime, indépendamment de ses mérites. Le passage au nouveau régime tarde à se mettre en place et ses bénéfices ne se font pas sentir. Du coup, les doléances des assurés sont toujours presque de rigueur.
Mohamed Ali K., la cinquantaine avancée, diabétique, fait part de sa lassitude après les allées et venues répétées pour fournir des papiers nécessaires à son dossier : «On m’a demandé d’aller encore une fois chez le médecin pour lui soumettre un autre formulaire à remplir. Je pensais m’être débarrassé des visites et des attentes chez le médecin».
Belgacem Ben A. n’est pas dans une meilleure disposition. Lui aussi grogne contre les ajournements sans fin : «Depuis le 16 mai, j’attends un bon pour me procurer une paire de lunettes. J’ai déposé un dossier complet : on m’a demandé de revenir après un mois, le 16 juin. Je suis revenu. On m’a demandé alors de revenir après 10 jours… En tout, cela va faire bientôt trois mois d’attente pour récupérer le bon et acquérir la paire de lunettes nécessaire à ma femme».
Mme D. déclare qu’elle s’adresse pour la première fois aux services de la couverture sociale : «J’étais affiliée à la CNSS dont je n’ai jamais bénéficié. Par choix, je me suis toujours adressée aux privés alors qu’on versait, mon mari et moi, la cotisation à la caisse. Maintenant, avec l’infarctus de mon mari et les 5 mille dinars déboursés pour son opération, mais aussi mon diabète à moi qui atteint les 4 g, je viens ici pour réclamer six feuilles de maladie pour nous constituer un dossier chacun. Or on me les refuse sous prétexte que chaque malade a droit à trois formulaires uniquement. Est-ce que je dois, par ces grandes chaleurs, revenir à chaque fois pour récupérer trois formulaires vierges pour mon mari qui vient d’être opéré ou pour ma mère qui ne se déplace plus. Le personnel est incompréhensif ».
M.H. est un vieux monsieur qui se déplace avec difficulté. Il se confie d’une voix à peine audible : «Je suis diabétique et j’ai une insuffisance cardiaque. J’ai aussi un problème au niveau des reins. Je paye moi-même les consultations et les médicaments qui me reviennent cher. Ma retraite n’arrive pas à couvrir les honoraires des médecins et, surtout, le prix des médicaments, que je dois avancer. J’ai un médicament qui coûte à lui seul 36 D».
Un autre cas d’accident de travail a été recueilli auprès d’un ouvrier tombé d’un camion. Après avoir subi une opération, il a été déclaré inapte au travail, ayant perdu l’usage de son bras : « Je reçois deux mandats de la Cnss, le 2 et le 16 de chaque mois, d’un montant de 176D chacun mais, depuis la moitié du mois de juin, je ne reçois plus les mandats qui me permettent de faire vivre ma famille. Or je n’ai pas d’autres ressources. Et cela fait quelques jours que je tourne dans les différents bureaux de la Cnam sans obtenir de réponses.»
Il est un fait que pour chaque assuré interrogé, c’est un nouveau cas social qui se présente. C’est dans l’ordre normal des choses. Cependant, si toute période de transition est toujours délicate à gérer, a fortiori dans un secteur aussi important et vital que celui de la couverture sociale, il n’en demeure pas moins que faire des efforts pour organiser l’accueil de l’assuré, l’orienter dans le bon sens, l’informer en une seule fois des procédures à suivre peut faire gagner beaucoup de temps, d’argent et surtout épargner des personnes, qui pour la plupart, se trouvent en situation fragile et précaire.
Hella LAHBIB
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