Mme Miladi a indiqué lors de son allocution que l’obésité et la lutte contre le tabac représentent des préoccupations de santé publique plutôt prioritaires. «L’espérance de vie à la naissance a augmenté pour atteindre 75 ans actuellement, contre 51 ans au début des années 60. Le choix du thème n’est pas fortuit puisque le 4 février coïncide avec la célébration de la Journée nationale de lutte contre le cancer».

De son côté, Dr Lotfi Kochbati, du service de radiothérapie carcinologique, note dans sa communication sur l’épidémiologie des cancers féminins en Tunisie, que toute stratégie de lutte contre le cancer doit tenir compte des données épidémiologiques. Or, jusqu’en 1997, année de création des 3 registres régionaux des cancers, la Tunisie ne disposait pas de données exhaustives sur l’incidence des cancers en dehors des travaux réalisés par l’équipe de radiothérapie carcinologique.

Deux grandes études nationales ont été menées dans le cadre de thèses de doctorat en médecine dirigées par Dr Maâlej pour préciser l’incidence des cancers du sein et le cancer du col de l’utérus en1994 (année de recensement de la population). Ces travaux avaient pour source de données les laboratoires d’Anapth hospitaliers et privés, les dossiers médicaux des gynécologues, des radiothérapeutes, des chirurgiens, des chimiothérapeutes, des hôpitaux et du secteur privé. Le spécialiste souligne dans ce même contexte que le cancer du sein a touché 704 cas (686 cas féminins et 15 cas masculins) en 1994. En 2004, le nombre a doublé passant à 1.437 cas (1.408 femmes et 29 hommes). L ‘incidence standardisée est passée de 16,7 pour 100.000 femmes en 1994 à 28,5 pour 100.000 femmes en 2004. L’âge moyen était de 51 ans. Les formes métastatiques représentaient 13% des tumeurs en 2004 contre 22% en 1994. Le traitement conservateur a été chez 28% des femmes en 2004 alors qu’il n’a pas été possible que chez 17% des cas en 1994.

S’agissant du cancer du col utérin, le spécialiste relève que durant l’année 1994, 216 cas de cancer du col de l’utérus ont été diagnostiqués donnant une incidence standardisée de 5,91 pour 100.000 femmes. L’âge moyen était de 53 ans dont 7,5% moins de 35 ans. Ces femmes atteintes de cancer du col se caractérisaient par un âge jeune au mariage (19 ans en moyenne) et une multiparité élevée (moyenne de 5,6 enfants et plus de 3 enfants chez 80 % d’entre elles)

Les formes localement avancées étaient très fréquentes (2/3 des cas) .Le cancer du col de l’utérus constitue le deuxième cancer de la femme dans le monde et le premier cancer de la femme dans les pays en développement. Chaque année, 500.000 nouveaux cas sont enregistrés dans le monde et 250.000 décès. 83% de ces cancers sont diagnostiqués dans les pays en développement. 99% des cancers du col de l’utérus sont liés à l’infection génitale par le HVP. Le spécialiste annonce par ailleurs «l’introduction prochaine, dans les programmes de prévention, de la vaccination anti-HVP. Le cancer du col est toujours la conséquence rare et tardive d’une infection très fréquente».

Concernant le cancer de l’ovaire et l’endomètre, l’incidence standardisée du cancer de l’ovaire était de 3,6 cas pour 100.000 femmes par an soit 60 à 80 nouveaux cas par an. Le Dr Kochbati indique que «le cancer du sein augmente dans notre pays. Pis, l’incidence augmente de façon dramatique pour le cancer du sein et doit inciter les décideurs de prévoir les moyens nécessaires pour son dépistage et sa prise en charge». Le taux d’incidence est de 27,1 pour 100.000 femmes alors que le taux standardisé est de 28,5 pour 100.000 femmes.