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Revue de presse

Santé mentale : une dimension à reconsidérer dans la politique de prévention

La presse | Tunisie | 02/05/2006

«La médecine est l’une des spécialités de la psychiatrie», disait l’un des maîtres du domaine. La santé mentale est aussi importante que la santé du corps. Elle fait pourtant l’objet d’un intérêt moindre
Partant de ce constat, le Dr Jouda Ben Abid, professeur agrégée en psychiatrie, spécialiste en psychologie et chef de service du centre Espoir, spécialisé dans le traitement et la prévention de la toxicomanie, a présenté dernièrement, à la Cité des Sciences de Tunis, une conférence traitant du thème : «Santé mentale et principes de prévention».

Cette rencontre, placée sous le signe de l’information et de la sensibilisation, a permis de mettre le doigt sur les lacunes mondiales, vouant la santé mentale à une certaine marginalisation.
«450 millions de personnes dans le monde souffrent de troubles mentaux. Seulement une minorité bénéficie de soins appropriés», affirme le Dr Ben Abid. Parler de la santé mentale sous-entend, dans la plupart des cas, la présence de troubles mentaux.

Selon la conférencière, assurer la bonne santé mentale afin d’améliorer la santé publique en général nécessite toute une politique de soin et de prévention : une politique qui implique les aspects d’ordre social, politique et éthique.
Pour réussir à mettre en place une stratégie pertinente, il faut avant tout comprendre les facteurs déterminants du développement psychoaffectif de la santé mentale. Le Dr Ben Abid rappelle que le capital génétique et les interactions de l’individu avec l’environnement constituent la base de tout un processus développemental. «Le développement affectif du sujet repose sur un trio complémentaire : l’aspect somatique, psychique et l’environnement. Ces trois bases sont très différentes d’un individu à un autre. Et c’est ce qui fait, d’ailleurs, la richesse de l’être humain. Chaque être humain est différent, ce qui fait que chaque pathologie est unique», indique la professeur.
L’environnement influe sur le tempérament des individus. Même le degré de luminosité, par exemple, peut s’avérer être un des facteurs déterminants des dépressions saisonnières. Ce qu’on peut éviter grâce à ce qu’on appelle la lux-thérapie, qui consiste en l’alternance des lumières. «Les études ont montré que le plus fort taux de suicide a été relevé en Suède», fait remarquer le Dr Ben Abid. La Suède étant un pays où, en hiver, la nuit s’allonge beaucoup au détriment du jour.

Du stress aux pathologies sévères, le gène dépend des facteurs à risque

Les pathologies mentales et psychologiques sont provoquées par un phénomène de dysfonctionnement au niveau de la pensée ou au niveau de l’émotion.
Le dysfonctionnement de la pensée engendre deux principales pathologies, à savoir la schizophrénie et la névrose obsessionnelle. Quant au dysfonctionnement de l’émotion, il provoque les troubles de l’humeur et ceux du comportement. L’excès de travail, à titre d’exemple, reflète un trouble du comportement. «Le travail vise un but bien précis. Si l’activité dépasse ce but, elle traduit une pathologie», explique le Dr Ben Abid.
Par ailleurs, certains facteurs favorisent ou défavorisent les pathologies. Ainsi, les mécanismes intrapsychiques de défense propres à chaque sujet, notamment les réactions inconscientes et celles qui traduisent les traits du caractère, varient d’une personne à une autre. Le comportement dépend de la personnalité du sujet, mais aussi des circonstances dans lesquelles il vit. Autre facteur qui distingue les réactions entre l’homme et la femme : le facteur biologique. «On suppose que les femmes sont plus sensibles que les hommes. Il faut toutefois rappeler que ce sont les plus sensibles qui deviennent des bourreaux. Ils sont contraints de développer une carapace sur laquelle vont s’écraser les autres», note le Dr Ben Abid.
L’interaction entre les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux, mais aussi l’inaptitude à gérer le stress, autant de facteurs susceptibles de générer des maladies mentales.
Ces facteurs à risque peuvent être prévenus, ou au moins atténués, afin d’éviter le développement des pathologies mentales.

La prévention : une politique collective

La prévention au niveau de la santé mentale nécessite une contribution collective. Le Dr Jouda Ben Abid souligne que l’action de prévention doit être menée sur trois niveaux. La prévention primaire permet de lutter contre les facteurs à risque. La prévention secondaire, elle, sert à détecter d’une façon précoce les manifestations des pathologies grâce, notamment, aux consultations et au dépistage. Quant à la prévention tertiaire, elle concerne toutes les parties concernées, plus précisément les structures de soin spécialisé.
La prévention devrait avant tout émaner de l’affection parentale, d’où l’importance de l’amour dans le traitement de la maladie mentale. La conférencière a rappelé que la psychanalyse et le traitement à domicile ont sauvé certains malades d’un internement injuste.
D. Ben Salem

La santé mentale dans le monde

  • 30 % des personnes ont déjà eu au moins une dépression ; soit 10 % des individus âgés de plus de 15 ans.
  • 2 % de la population mondiale souffrent de troubles psychologiques sévères.
  • 12 % souffrent de morbidité, tels les troubles mentaux et de comportement.

Dans les centres de la santé de base en Tunisie, on note :

  • 1 % de cas de schizophrénie.
  • Les cas d’anxiété vont de 18 à 30 %.
  • En contrepartie, on note dans le monde que les dépenses accordées à la santé mentale sont inférieures à 1% du total des dépenses relatives à la santé.
  • 40% des pays n’ont aucune politique de santé mentale.
  • 30% des pays n’ont aucun programme à ce niveau.

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