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Revue de presse

Allergies de demi-saison : Prévenir les désagréments, éviter les complications

La presse | Tunisie | 27/09/2006

Le changement de saison n’est pas très apprécié par certaines personnes, notamment celles qui endurent les désagréments des allergies. Crises d’asthme, sinusites pour certains, urticaire, eczémas pour d’autres: l’automne et le printemps réservent pour ceux qui ont des prédispositions à l’allergie de bien mauvaises surprises.

Etre allergique, c’est perdre une tolérance vis-à-vis de substances de l’environnement appelées allergènes. A chaque fois que ces allergènes pénètrent dans l’organisme de la personne allergique ou sont en contact avec ses organes exposés, cette personne réagit par une intolérance exagérée», explique le Dr Habib Ghedira, chef de service de pneumologie et allergologie à l’hôpital Abderrahmen-Mami, à Tunis.

Des allergies respiratoires ou oculaires, ainsi que d’autres, dermatologiques, prennent parfois plus d’ampleur durant les changements de saison.

Les allergies respiratoires sont particulièrement liées au changement climatique. Parmi elles, on relève l’allergie à la poussière en automne et l’allergie au pollen au printemps.

En cette période de l’année, certaines personnes souffrent en effet de rhinite. Celle-ci se déclare sous forme d’écoulement nasal et d’éternuements. D’autres se retrouvent en proie à des maux de tête avec écoulements nasaux, que provoque la sinusite.

Pour d’autres, l’allergie est oculaire. Elle apparaît sous forme de conjonctivite. Pour d’autres encore, elle attaque l’appareil respiratoire, plus précisément les muqueuses bronchiques. «Dans ce cas, l’allergie peut réduire la muqueuse bronchique et engendrer l’asthme», indique le Dr Ghedira.

Toutes ces allergies sont accentuées durant le passage de l’automne à l’hiver. Elles sont également liées, parfois, à des lieux et des moments bien précis. «C’est par exemple le moment de faire le ménage pour certaines femmes», note le Dr Ghedira.

La chasse aux acariens

L’allergie à la poussière de maison constitue en fait une hyper sensibilité aux acariens ainsi qu’aux blattes, même mortes. Les acariens sont des bêtes microscopiques qui se développent dans un microclimat bien précis: une température autour de 25°et une forte humidité. Les moquettes, les tapis, les rideaux compliqués représentent aussi un milieu favorable à ces allergènes, qui provoquent l’inflammation des muqueuses.

Au printemps, les allergènes sont essentiellement le pollen des plantes graminées, transportées par le vent. Le Dr Ghedira explique: « Les pollens proviennent surtout des cultures fourragères et céréalières. Ils peuvent être transportés par le vent jusqu’à 150 km de distance. Ils provoquent les mêmes allergies que la poussière de maison, mais à un degré plus important. Il est donc recommandé, notamment pour les allergiques, de procéder au traitement d’une manière anticipée», indique le pneumologue. En période de pré-saison, ce sont surtout les pollens de cyprès et d’olivier qui provoquent le plus d’allergies. Durant la post-saison, des allergies beaucoup moins fréquentes se déclenchent au contact avec certaines herbes.

Quand l’allergie se complique

L’allergie peut parfois donner lieu à des complications. Elle débute par une inflammation initiale qui engendre l’irritation de la muqueuse en question. En cas d’absence de traitement désensibilisant ou même de prévention atténuant la présence de l’allergène, l’irritation peut prendre plus d’ampleur et se généraliser sur le corps.
En effet, en ce qui concerne la rhinite et la sinusite, le risque de surinfection est à prendre au sérieux. «Les complications sont à prévoir longtemps à l’avance pour éviter les inflammations chroniques», note le médecin. Pour le risque d’asthme, les complications qui peuvent survenir sont parfois plus alarmantes. Les crises d’asthme sont, en fait, fondées sur une toux sèche, récidive ou avec quelques sécrétions, associées à des difficultés respiratoires et parfois une insuffisance thoracique.

Le pneumologue affirme que cette gêne s’estompe, normalement, au bout d’une demi-heure mais qu’elle réapparaît le lendemain. Les allergènes qui atteignent les bronches respiratoires rétrécissent les muqueuses bronchiques, lesquelles peuvent, à la longue, et en cas d’asthme non traité, se fermer définitivement : ce qui peut être fatal à l’asthmatique. En cas d’asthme hyper sécrétant, les sécrétions devenues épaisses peuvent boucher les bronches et, là encore, l’issue peut être fatale.

Afin de lutter contre l’allergie à la poussière de maison, une action sur le microclimat favorable aux acariens s’impose. «L’ensoleillement et l’aération de la maison sont des gestes simples, qui minimisent la présence des acariens. En effet, le soleil tue ces allergènes. En conséquence, il faut toujours exposer les tapis et les matelas au soleil. Il convient également de simplifier les rideaux et d’opter, en matière de couverture, plutôt pour ce qui est synthétique que pour la laine. Par ailleurs, dépoussiérer la maison doit se faire à l’aide d’une serpillière mouillée et non pas d’un balai», souligne le Dr Ghedira, qui fait encore remarquer à ce sujet que le recours au spray anti-acariens n’est pas suffisant, «car, dit-il, les acariens sont des allergisants morts-vivants. Les sprays anti-acariens éloignent ces allergènes des matelas et les libèrent dans l’air. Il faut, donc, impérativement dépoussiérer juste après».

Il est important de préciser que ces opérations de prévention ne doivent pas être effectuées en présence ou par la personne allergique.

Pour prévenir les allergies au pollen, il est en revanche recommandé d’aérer moins la maison, d’éviter de sortir les jours de grand vent et de renoncer aux virées en campagne et autres pique-niques.

Traitement de désensibilisation ou d’hypo-sensibilisation

S’agissant des allergies pulmonaires ou asthmes allergiques, il existe des traitements qui permettent d’introduire au sein de l’organisme de l’allergique une tolérance vis-à-vis de l’allergène. Certains médicaments, par ailleurs, réussissent à traiter l’allergie d’une façon globale, mais ne sont pas efficaces contre l’allergie respiratoire ou l’asthme allergique. En effet, pour lutter contre les complications asthmatiques, il est nécessaire de poursuivre un traitement de fond, local, qui modifie le traitement des bronches respiratoires, les protègent contre l’inflammation et prévient la survenue de crise. «L’asthme allergique concerne surtout les enfants, car ils sont les plus exposés aux acariens», indique le pneumologue.

Mais les traitements de désensibilisation ne sont pas aussi efficaces pour les allergies au pollen.

Allergies cutanées: l’eczéma et l’urticaire au premier rang

Côté dermatologie, les allergies sont moins liées au changement du climat. En effet, les allergies cutanées se divisent en deux catégories: allergies constitutionnelles et allergies acquises. Le Dr. Ridha Kamoun, chef du service de dermatologie à l’hôpital Charles Nicole, en explique la différence: «L’allergie dite constitutionnelle est une allergie qui apparaît dès les premiers mois de la naissance. C’est une dermatite atopique, exagérée par l’environnement. Certes, les allergies dermatologiques sont moins concernées par le changement climatique, mais l’allergie constitutionnelle est plus ou mois favorisée par le printemps. En revanche, les allergies dites acquises sont dues au contact entre la personne allergique et l’allergène non toléré. Ce sont surtout des allergies alimentaires ou de contact ».

Le Dr. Kamoun indique l’absence de traitement de désensibilisation en ce qui concerne les allergies cutanées, contrairement aux allergies respiratoires. «Le meilleur moyen de prévenir l’allergie, c’est d’éviter le contact avec l’allergène et de lutter contre la sécheresse cutanée, susceptible d’aggraver l’allergie constitutionnelle, grâce à une hydratation régulière par le biais des crèmes dermatologiques», affirme-t-il.

L’allergie constitutionnelle apparaît vers l’âge de 6 mois. Elle atteint d’abord le visage, puis s’empare d’autres zones pour arriver aux pieds. Elle se manifeste sous forme de démangeaisons qui, une fois que le sujet s’est gratté, laisse couler un liquide. En touchant les pieds, cette allergie ne concerne plus le visage. C’est l’eczéma qui provoque démangeaisons et rougeurs, mais aussi surinfections. «Dans ce cas, un test épicutané s’impose afin de cerner l’allergène favorisant l’allergie de manière à l’éviter à l’avenir», note le Dr Kamoun.

Outre l’eczéma constitutionnelle, qui constitue l’allergie dermatologique de base, on note également l’urticaire. Il s’agit d’une réaction allergique qui apparaît sous forme de plaques rouges provoquant des démangeaisons.
L’urticaire peut être dû à l’intolérance de l’organisme face aux composants d’un médicament, mais aussi aux chats, certains aliments, le froid ou le chaud. «Chez certains allergiques, l’urticaire est engendré par le contact de l’eau, du soleil et même à la suite d’une simple pression sur la peau», note le dermatologue.

Notons enfin que la reprise de certaines pathologies dermatologiques, tant hivernales qu’estivales, fait parfois croire qu’il s’agit d’allergies de demi-saison. « L’acné, la chute de cheveux, ainsi que les pellicules sont des pathologies hivernales qui se trouvent atténuées durant la saison chaude grâce au soleil. Dès l’automne, elles commencent à réapparaître de nouveau, c’est ce qui laisse penser qu’il s’agit d’allergies de demi-saison. De même pour les champignons, qui sont une pathologie estivale. Favorisés par l’humidité et la chaleur en été, ils disparaissent en hiver pour réapparaître de nouveau l’été d’après», précise le Dr Kamoun.

Dorra BEN SALEM

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