Sous le haut patronage de SM le roi Mohammed VI, la Société marocaine des sciences médicales (SMSM) a organisé son 31e congrès national les 26 et 27 septembre 2014 à Casablanca. Le thème principal de cette 31e édition était «La carte sanitaire et l’accès aux soins».

La séance inaugurale a été rehaussée par la présence du ministre de la Santé, le professeur Houcine Louardi, le président du Conseil national de l’ordre des médecins, le docteur Houcine Maaouni, le secrétaire général du ministère de la Santé, le Dr Alaoui Balghiti, les nouveaux et les anciens doyens des facultés de médecine, les directeurs des CHU, les délégués du ministère de la santé, les médecins du secteur public et du secteur privé, les représentants de l’industrie pharmaceutique, des hommes politiques, des représentants d’associations et de syndicats…

Le secteur privé grand oublié de la réforme

«La Société marocaine des sciences médicales (SMSM) organise le 31e Congrès médical national, les 26 et 27 septembre 2014 à Casablanca sous le haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. La Société marocaine des sciences médicales a par le passé organisé des débats sur l'accès aux soins sous ses différentes formes, sociale, économique géographique. Malgré les grands efforts consentis depuis plusieurs années, cet accès reste difficile.

Plusieurs défis sont posés au Maroc : comment rattraper les retards pour améliorer l'offre de soins et comment répondre aux exigences légitimes des populations en matière d'accès en respectant la qualité, l'égalité et l'équité ?

Le thème principal de notre congrès concernera la carte sanitaire et l'accès aux soins. Aborder cette thématique reviendrai à aborder la planification de l'offre de soins dans sa globalité où la carte sanitaire constituerai une pièce importante certes mais pas suffisante à elle seule.

Le Maroc vient de se doter de certains textes concernant l'offre de soins prévoyant la carte sanitaire mais celle-ci sera opposable seulement aux structures publiques oubliant plusieurs composantes du système de santé marocain notamment le secteur prive, semi-public et les fondations, sans parler des changements en cours relatifs au débat actuel sur l’exercice de la médecine dans le secteur libéral.

Cette occultation poserait même des problèmes de constitutionalité selon certains spécialistes. Nous attendons, au cours de notre congrès, un débat profond, sincère et serein pour nous donner un éclairage sur ce grand chantier.

La planification de la santé connait de multiples définitions, variables selon les acteurs qui y sont impliqués.ils peuvent bien signifier un processus d'action en santé publique, qu'une méthode de résolution de problèmes ou qu'un moyen de régulation ou de maîtrise des dépenses. Elle comprend plusieurs processus.

D’abord, un processus d'aide à la décision. La planification est donc un processus d'aide à la décision qui vise, par concertation des acteurs concernés, à prévoir des ressources et des services requis pour atteindre des objectifs déterminés, selon un ordre de priorité établi, permettant ainsi le choix d'une solution préférable parmi plusieurs alternative.

Un processus de concentration sociale, ensuite. À travers cette approche, la planification est un processus continu et dynamique de concertation sociale. Ce processus implique la reconnaissance des acteurs clés, de leur(s) intérêt(s) respectif(s) puis l'organisation d'un débat démocratique à la recherche de consensus sur les objectifs, les priorités, les actions.

Afin que le débat soit riche el fructueux nous avons fait appel à plusieurs experts nationaux de différents bords, ceux-ci sont constitués de responsables administratifs, d'acteurs politiques nationaux et régionaux, de représentants des différents secteurs de la santé ainsi que des responsables politiques.

Nous organisons aussi un débat sur la formation médicale continue avec la participation d'experts nationaux et internationaux. Nous considérons la formation médicale comme un continuum qui doit se prolonger au-delà des amphithéâtres des facultés de médecine et accompagner les médecins tout au long de leur vie professionnelle même si elle n'a pas encore le caractère obligatoire au Maroc. Des tables rondes auront lieu sur les recommandations de bonnes pratiques pour l'élaboration des référentiels de prise en charge des maladies dans le cadre de l'assurance maladie; des sessions seront dédiées à la néonatalogie; aux sages femmes.

D'autre part les jeunes médecins exposeront les résultats de leurs travaux sous forme de communications orales ou affichées. Nous souhaitons la bienvenue à nos invités, aux congressistes qui vont enrichir nos débats et nous apporter tout l'éclairage attendu pour la réussite de notre congrès. Nos remerciements vont à tous ceux qui ont œuvré de prés ou de loin pour l'organisation de cette manifestation Scientifique et particulièrement à nos sponsors de l'industrie pharmaceutique qui nous accompagnent dans cette belle aventure.

SM le Roi Mohammed VI a honoré notre congrès en le plaçant sous son Haut Patronage, à cet égard nous renouvelons nos sincères remerciements et notre attachement indéfectible à Son Auguste Personne. »

Pr Houcine Louardi : la nouvelle constitution reconnaît 10 droits liés à la santé

«Qu’il me soit permis, à l’occasion de la tenue de ce 31e congrès national de médecine organisé par la Société marocaine des sciences médicales, de vous faire part de ma grande satisfaction d’être ici parmi vous tous. A cette occasion je tiens à remercier mon ami le professeur Said Moutawakkil, président de la SMSM, ainsi que tous les membres du bureau national de cette respectable et honorable société savante.

Le thème que vous avez choisi pour ce 31e congrès est très important comme chacun peut le deviner, il s’agit de la carte sanitaire et de l’accessibilité aux soins, deux éléments fondamentaux de notre système de santé. Pour le ministre de la Santé, l’accessibilité aux soins pour tous, quel que soit le lieu d’habitation ou les moyens financier des uns et des autres , est une question de justice sociale, d’équité et de solidarité qui constituent les principes fondamentaux de la politique nationale en matière de santé. Notre soucis constant en matière d’accès aux soins pour notre population s’attache justement a la réduction des inégalités choquantes et pénalisantes dont les premiers à souffrir sont celles et ceux qui sont pauvres, les populations et catégories vulnérables.»

Parlant de l’offre de soins hospitalière, le ministre de la Santé, n’a pas manqué de souligner que celle-ci reste en deçà des attentes et des objectifs escomptés.

«Le taux d’hospitalisation au niveau des hôpitaux est faible, il atteint à peine 5 %, et le ministère de la Santé entend tout mettre en œuvre pour que ce taux soit de 6 ou 7%.

Pour asseoir sur des bases solides et pérennes l’accès aux soins pour tous, le gouvernement marocain à placé la santé pour tous en tant que priorité des priorités. Bien plus, la santé est érigée en droit fondamentale conformément à la nouvelle constitution marocaine, qui reconnaît 10 droits liés à la santé : 7 de nature sanitaire et 3 de nature organisationnelle.

Pour permettre un meilleur accès aux soins à toute notre population, des efforts sont réalisés, des moyens importants sont consentis, mais beaucoup de défis restent à relever dont la réduction des disparités entre le milieu rural et urbain, la pénurie des ressources humaines dans le secteur, et la généralisation de la couverture médicale universelle à de nouvelles franges sociales.

Concernant la carte sanitaire, celle-ci se fixe entre autres objectifs, celui de répondre aux besoins réels de soins de santé de toute notre population. La carte sanitaire permettra de démocratiser les soins de santé en assurant l’accès à toutes les prestations à l’ensemble de notre population et plus particulièrement les populations fragiles à travers un rééquilibrage pour intégrer les territoires dépourvus de structures de soin. La carte sanitaire va nous permettre d’assurer un accès équitable aux soins selon le principe universel relatif à la généralisation de la couverture de base consacrée par la loi 65-00 garantissant une offre de soins homogène et équitable dans tout le territoire.

La carte sanitaire représentera le pivot de la planification sanitaire puisqu’ elle permettra de fixer les grandes orientations stratégiques de l’évolution de l’offre de soins au niveau des établissements de soins de santé de base et des hôpitaux publics et privés, en fonction de l’évaluation régionale des besoins de santé physique et mentale.

En conclusion, permettez-moi de vous réitérer à toutes et à tous ici présents la ferme volonté et l’entière disposition du ministère de la Santé à vous accompagner, à vous soutenir, vous aider de très près pour qu’ensemble nous puissions relever tous les défis pour rehausser le niveau de la médecine marocaine pour le plus grand bien de notre population.

Je vous remercie toutes et tous pour votre engagement, votre mobilisation et votre dévouement à vos missions et pour l’esprit de collaboration et de concertation évoluées dont vous faites preuve pour réussir notre grand chantier à tous, celui de la couverture médicale universelle, une responsabilité et une préoccupation constante que nous partageons ensemble, afin d'assurer une démocratisation réelle des soins et une justice sanitaire et une véritable équité, des préalables qui nous permettront d’assurer la préservation, l'amélioration et le développement de l'état de santé de toute notre population.»

Dr Houcine Maaouni, président du CNOM

«Je saisis l’occasion qui m’est offerte aujourd’hui d’être parmi vous, pour remercier tous les membres du bureau de la Société marocaine des sciences médicales qui m’ont invité pour participer à ce 31e congrès médical national qui est placé sous le haut patronage de SM le roi Mohammed VI et sous la présidence effective Ce témoignage dénote la grandeur d’âme des professeur Said Moutawakkil, ami de longue date et de tous les membres du bureau de la SMSM pour leur savoir faire, leur dextérité, leur implication permanente pour faire réussir cette grande manifestation.

Cette 31e édition est rehaussée par la présence de grande personnalités du monde médical, des hommes politiques qui priorisent tous dans le panthéon des valeurs la responsabilité, la probité et l’éthique.

Par ailleurs la présence parmi nous de personnalités maghrébines et étrangères rehaussera à ne pas en douter le niveau de ce grand rassemblement scientifique.

Je me dois donc aux noms des organisateurs, du professeur Said Moutawakkil, de souhaiter la bienvenue aux membres du parlement présents parmi nous, à madame et messieurs les doyens des facultés de médecine et à tous les illustres invités, les présidents des sociétés savantes, le président des cliniques privées.

Aujourd’hui nous allons rendre un grand hommage à tous les anciens doyens, une action nécessaire pour leur témoigner à tous notre reconnaissance pour les grands services qu’ils ont rendus aux nombreuses générations de médecins qu’ils ont formées, et ce parfois dans des conditions très difficiles. En votre nom à toutes et à tous, nous leur disons tout simplement merci.

En tant que président élu du Conseil national des médecins et au nom du bureau national, des présidents des différentes régions et des membres des instances, nous rendons ici un vibrant hommage à notre auguste souverain qui a donné ses hautes directives pour la refonte des textes régissant l’ordre national, qui ont été remplacés et actualisés grâce au travail de l’ancien président du CNOM Moulay Tahar Alaoui soutenu par monsieur le ministre de la santé Houcine Louardi, le secrétaire général du ministère de la santé Alaoui Belghiti, les responsables du service de la règlementation du ministère, le secrétariat général du gouvernement, les centrales syndicales, tous ont contribué pour les nouveaux textes .

Je voudrai remercier toutes ces personnes, ces nouveaux textes sont devenus effectifs depuis l’organisation des premières élections ordinales historiques qui ont été marquées par un grand engouement pour l’élection de toutes les instances, la tache est difficile comme vous pouvez le savez, elle nécessite le concours de toute la confrérie.

Beaucoup de chantiers nous attendent , c’est pour cela que le bureau national n’a pas connu de répit et à travaillé d’arrache pieds pour accompagner les bureaux régionaux , on a créée des commissions pour le règlement intérieur car comme vous le savez l’ancien est caduc , pour le code d’éthique et de déontologie , la commission des conventions , et une commission de veille pour la loi 131/13.

Je tiens à remercier le ministre de la Santé pour son aide précieuse. Comme vous le savez, l’Odre à des rôles très importants : moral, administratif, conciliateur, sauvegarde des relations patient- médecin, ainsi pour rappel intervient pour la sauvegarde des principes et valeurs de moralité, de dignité, d’abnégation qui font l’honneur de la noble profession médicale, l’ordre doit veiller au respect par tous ses membres de ces lois, règlements et usages de la médecine et l’observation par les médecins des qualités de probité et de compétences, sans oublier que dans le nouveau code de déontologie qui est en gestation, le droit du patient sera implicite.

Dans son message aux participants de la 2e conférence nationale de la santé tenue à Marrakech au mois de juillet 2013, SM le roi Mohammed VI avait déclaré :

«…Toute action doit s’inscrire dans une action globale et doit avoir pour but ultime de mettre à la disposition des citoyennes et citoyens des prestations de haute qualité dans le cadre d’une démarche efficiente, juste et équitable…»

Donc le thème de ce 31e congrès doit s’axer sur cette méthodologie , comme cela a d’ailleurs été rappelé par monsieur le ministre, pour permettre une politique de proximité et d’accès et de prendre en considération les remarques contenues dans le livre blanc et pour de meilleurs soins , ce qui exige en premier lieu un maillage entre les structures sanitaires publiques et privées de soins de proximité.

Comme cela a été dit par monsieur le ministre de la santé concernant la loi 34 / 09, je rappelle que le décret a été adressé au CNOM pour avis et je tiens en tant que président à dire que le CNOM est partie prenante et que nous avons à ce sujet certaines remarques parmi lesquelles :

1. Que le secteur privé doit être partie prenante
2. Qu’il faut réglementer les caravanes médicales spécialisées et unités mobiles
3. Mettre en place un partenariat qui inclus un quota pour le secteur privé dans le cadre de la mise en place de l’AMO pour les démunis (EAMED)
4. Mettre en place un cadre juridique permettant l’exercice aux praticiens hospitaliers éventuellement
5. Préservation et amélioration du patrimoine immatériel de la santé comme l’a rappelé sa majesté le roi Mohammed VI, pour le développement économique et social de notre pays
6. Constituer un conseil national de santé

Prendre exemple sur d’autres pays pour encourager les institutions sanitaires qui respectent la carte sanitaire, comme cela se fait en Allemagne qui accorde 30 % d’aide alloué aux praticiens qui s’installent dans des zones éloignées.

Nous espérons qu’avec les recommandations de ce 31e congrès les textes seront complet et le projet sera finalisé avec le concours de toutes et cde tous et qu’il sera effectif dans les meilleurs délais.

Par ailleurs dans le cadre de la loi 131 /13 dans toutes ses imperfections, il est bien de signaler une remarque de taille concernant le risque de renforcer le déséquilibre de l’offre de soins surtout si les investisseurs vont uniquement au niveau des régions a fort potentiel économique.

Le nouvel ordre s’attèlera avec courage et abnégation pour la réussite des missions qui sont les siennes après bien entendu la restructuration qui est en cours, aussi je rappellerai en matière de formation médicale continue, qu’on doit tous se féliciter car cette formation est désormais institutionnalisé.

En effet l’article 4 spécifie que le CNOM avec le ministère, l’enseignement supérieur, les sociétés savantes formeront une commission chargée de la FMC, l’article 35 quant à lui, stipule que cette commission aura entre autre mission de veiller à la régulation de la formation médicale continue.

En conclusion, je vous demande à toutes et a tous de mettre main dans la main, pour servir au mieux la médecine Marocaine, pour aller de l’avant, de hisser haut et fort le niveau des soins pour le plus grand bien de notre population, de répondre aux attentes des consœurs et confrères.

Pour moi la plus belle réussite, c’est celle que nous partageons tous ici, à l’occasion de la tenue de ce 31e congrès national de la médecine organisé par la Société Marocaine des Sciences Médicales.

Au terme de ces interventions très appréciées par toute l’assistance qui leur a réservé une standing ovation, la SMSM a rendu un vibrant hommage aux anciens doyens des facultés de médecine de Rabat et de Casablanca, des hommes qui se sont investit pleinement dans leur noble mission et qui ont grandement contribué à la formation de plusieurs générations de médecins, un moment plein d’émotion, de sensations fortes et émouvantes.

Pr Said Moutawakkil, President de SMSM