Pr Youssef Bakri : La Faculté des sciences de Rabat-Université Mohammed V-Agdal a organisé avec l'Association du Moyen-Orient pour la recherche sur le cancer (MEACR), du 5 au 7 décembre 2013, la 3e conférence annuelle de cette association avec le soutien et la collaboration de la «Fondation Lalla Salma - Prévention et traitement des cancers» et de l’Association marocaine pour la Recherche sur le Cancer (AMaRC). Lors de cet événement scientifique, nombre de sessions thématiques ont été animées par d’éminents spécialistes marocains et étrangers venant entre autres de France, du Canada, des États-Unis, d’Arabie saoudite, du Pakistan et d’Iran...

L’objectif est de permettre aux chercheurs en cancérologie d’échanger sur les dernières avancées dans le domaine. Des échanges qui restent à la base de toute mise en place de nouveaux programmes de recherches, ainsi que de toute opportunité de collaboration à l’échelle nationale et internationale. L’autre objectif est également de faire bénéficier, et on s’en félicite, les jeunes chercheurs (Masters, doctorants, médecins et pharmaciens résidents) pour présenter et valoriser leurs travaux de recherche en matière de cancérologie à travers leurs communications orales et affichées et échanger sur les dernières avancées scientifiques en la matière.

Cette année, vous avez choisi comme thème central «La recherche clinique au cœur des débats». Qu'est-ce qui explique ce choix ?

Pour la recherche clinique, des rencontres scientifiques de l’envergure de la 3e conférence annuelle de la MEACR sont indispensables et permettent à cette discipline de réaliser un saut qualitatif important en termes de gestion des recherches dans ce domaine, conformément aux bonnes pratiques cliniques et à la réglementation en vigueur dans le monde et dans notre pays en particulier. Ceci est d’autant plus vrai que la recherche clinique constitue un outil de base pour la promotion de l’innovation médicale et l’amélioration de la prise en charge thérapeutique notamment des patients atteints de maladies graves et chroniques comme les cancers.

Justement, qu’en est-il de la recherche clinique sur le cancer au Maroc ?

Beaucoup d’efforts ont été déployés pour soutenir la recherche clinique sur le cancer ces dix dernières années, ceci grâce aux efforts continus des cliniciens et chercheurs dans le domaine. Très longtemps cette recherche a été tributaire d’efforts individuels louables ou sous forme de contributions à des essais cliniques internationaux, mais cela restait en deçà du niveau souhaitable. La Fondation Lalla Salma-Prévention et traitement des cancers qui œuvre depuis plusieurs années pour l’amélioration de la prise en charge, la sensibilisation, et le traitement du cancer au Maroc ces 4 dernières années a intégré également la recherche sur le cancer et particulièrement la recherche clinique comme locomotive de développement d’une meilleure prise en charge des patients atteints de cette pathologie au Maroc. En témoignent les derniers appels d’offres pour soutenir les projets de recherche sur le cancer et l’inauguration, en novembre dernier de l’Institut national de la recherche sur le cancer à Fès. Toutes ces initiatives vont donner un coup de fouet à la recherche en matière de cancérologie en particulier la recherche clinique.

Quels sont les autres points abordés au cours de cette conférence ?

Le meeting que nous avons organisé était une occasion unique pour les communautés scientifiques (biologistes, chimistes, physiciens, cliniciens chimiothérapeutes, radiothérapeutes, pharmaciens, pharmacologues, etc.) pour se réunir et échanger des idées autour des avancées de la recherche de la clinique à la prise en charge des patients. Les thèmes abordés dans ce meeting ont ainsi couvert différents aspects de la recherche sur le cancer, dont les principaux : biologie du cancer, chimiothérapie, radiothérapie, essais cliniques et marqueurs tumoraux. Tous ces thèmes ont été structurés en trois sessions couvrant la recherche fondamentale, la recherche transrationnelle, la recherche appliquée et la recherche clinique. L’interconnexion entre ces 4 types de recherches est une obligation pour promouvoir une meilleure avancée des connaissances et permettre une meilleure prise en charge des patients.

La MEACR, une association internationale contre le cancer

D’après le Pr Youssef Bakri, l'Association du Moyen-Orient pour la recherche sur le cancer (MEACR) a été créée et officiellement enregistrée à Montréal, Canada, en décembre 2009. Les principaux objectifs de la MEACR sont d'encourager la collaboration entre les scientifiques du cancer dans le Moyen-Orient et en Afrique du Nord ainsi que ceux qui travaillent en Amérique du Nord, en Europe et d'autres parties du monde, et de promouvoir l'éducation scientifique et la formation des étudiants des cycles supérieurs et les jeunes chercheurs dans le Moyen-Orient et les pays d'Afrique du Nord. Ainsi, pour atteindre ces objectifs, la MEACR organise une réunion scientifique annuelle dans un pays différent, dans cette région, en plus de la publication d'une revue scientifique évaluée par les pairs (Investigation clinique Cancer Journal, CCJI : www.ccij-online.org) qui a été lancée en décembre 2011. Les membres du comité exécutif de la MEACR ont tenu leur première réunion à l'Université d'Alep (Syrie) en mai 2010. La première
réunion scientifique annuelle de l’association s’est déroulée à l'Université de Tanta en Égypte, en décembre 2011, et la deuxième réunion annuelle scientifique a été organisée en collaboration avec le Centre de biotechnologie Sfax (Sfax-Tunisie) en novembre 2012 et la troisième réunion annuelle en collaboration avec l'Université Mohammed V- Agdal à Rabat en décembre 2013.

Elimane Sembene