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Revue de presse

Entretien du professeur Moulay Hicham Afif, spécialiste en pneumologie : la tuberculose est en baisse au Maroc,mais à un rythme très lent

Albayane | Maroc | 24/03/2013

A l’instar de la communauté internationale, le Maroc commémore le 24 mars 2013 la journée mondiale de la tuberculose, un événement qui vise à mieux faire connaître l’épidémie mondiale et nationale de la tuberculose et les efforts entrepris pour éliminer la maladie. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’un tiers de la population mondiale est aujourd’hui infecté par le bacille de Koch (BK) avec une charge mondiale considérable de 8,7 millions de nouveaux cas en 2011.

Au Maroc nous avons enregistré 27 429 cas de tuberculose en 2012, avec une incidence de 83 nouveaux cas pour 100.000 habitants.70% des cas dépistés sont concentrés dans les zones les plus urbanisées, la maladie affecte les hommes dans 58% des cas, et les femmes dans 42% des cas. Dans 65% des cas se sont des jeunes actifs dont l’âge varie entre 15 et 45 ans qui sont touchés et 80% ont un âge inferieur à 45 ans .Le ministère de la Santé a réalisé des progrès importants en matière de lutte contre la tuberculose en maintenant à plus de 95% le taux de détection et à plus de 85% le taux de succès thérapeutique .Aujourd’hui le ministère de la Santé conduit un processus d’élaboration d’une feuille de route de lutte anti tuberculeuse pour la période 2013-2016, qui a pour objectifs de mobiliser l’ensemble des acteurs clés pour agir sur les tous les déterminants de la vulnérabilité Pour faire le point sur la lutte contre la tuberculose au Maroc, nous avons rencontré le professeur Moualy Hicah Afif spécialiste en pneumologie, directeur général du CHU Ibn Rochd.

Al Bayane : On parle à l’échelon mondial du retour de la tuberculose, comment expliquez-vous cette recrudescence ?

Tout d’abord, il faut préciser que la tuberculose a toujours été un problème de santé à l’échelle mondiale, mais il y a des disparités pour la tuberculose entre les pays en voie de développement et les pays sous-développés, les pays en voie de développement et les pays riches. Donc l’incidence de la tuberculose n’est pas la même de par le monde. Dans l’histoire naturelle de la tuberculose, notamment pour les pays qui étaient développés, qui avaient cru avoir réglé le problème de la tuberculose, c’est l’infection par le VIH qui a donné la recrudescence de la maladie dans ces pays. Et ça c’est quelque chose de très important, car des pays qui croyaient avoir complètement réglé le problème de la tuberculose se retrouvent maintenant en train de faire face à la tuberculose et aux nombreux cas de tuberculose, notamment les cas d’infections tuberculose/VIH. Maintenant, à l’échelle mondiale, il y a à peu près pour l’année 2011 près 8,7 millions de nouveaux cas de tuberculose de par le monde et les décès estimés par tuberculose sont au nombre de 1,4 million. C’est donc une pathologie qui continue à poser un problème pour l’OMS et tous les systèmes de santé de par du monde.

Alors venons-en à la tuberculose au Maroc, quelle est la situation actuellement ?

Concernant la tuberculose au Maroc en 2012, on a enregistré 27.400 nouveaux cas de tuberculose avec une incidence de 83 nouveaux cas pour 100.000 habitants. Pour la tuberculose pulmonaire avec la microscopie positive, c'est-à-dire la tuberculose contagieuse, on est à 35 nouveaux cas pour 100.000 habitants. Maintenant, l’incidence de la tuberculose au Maroc baisse. Il y a une tendance à la baisse, mais cette la baisse n’est pas aussi rapide que tout le monde l’espère, donc elle est là, mais c’est une baisse qui se fait pour l’incidence de 2 à 3 points chaque année. Ce n’est pas ce que tout le monde espère pour essayer d’arriver aux objectifs du millénaire et de descendre sous la barre des 50 nouveaux cas pour 100.000 habitants pour le pays.
On parle souvent de la tuberculose comme étant une maladie qui touche beaucoup plus les populations démunies.
Lorsque tout à l’heure on parlait de l’incidence et de l’évolution de l’incidence de la tuberculose, il ne faut pas croire cette faible baisse est uniquement liée au système de santé. La tuberculose est multifactorielle, et donc il y’a d’autres paramètres qui entrent en jeu. Il y a l’habitat, le niveau social, le niveau socio-économique des gens. Il y a certaines catégories de gens beaucoup plus exposées à la tuberculose que d’autres et il faut qu’il y ait une synergie entre les actions. C’est d’ailleurs la nouvelle vision pour la prise en charge de la tuberculose dans le Maroc, c’est ce qui est en train d’être préparé. C’est ce qui a été fait lors de la réunion de Rabat en présence de Monsieur le ministre et avec toutes les autres composantes du gouvernement qui seraient intéressées par le problème de la tuberculose. Il faut voir la tuberculose dans sa globalité parce que si on la limite à un problème de santé, nous n’arriverons pas à atteindre les objectifs qui sont visés. Maintenant, est-ce que la tuberculose touche essentiellement les pauvres ? Bien sûr que la tuberculose touche les pauvres, mais la tuberculose peut toucher toutes les catégories de patients, du moment qu’il y a risque de contagion. Le Bacille ne fait pas de distinction, même s’il y a beaucoup plus de tuberculeux chez les malades qui sont démunis sur le plan socio-économique ou qui ont un mauvais habitat. Cela veut dire que dans les grandes villes, que ce soit à Casablanca ou à Salé, c’est dans les populations les plus démunies qu’on trouvera l’incidence la plus importante de la tuberculose.

Actuellement on parle de plus en plus d’une possible mutation du Bacille de Koch, quel est votre avis, en tant que spécialiste, sur cette question ?

En fait on parle des tuberculoses multi-résistantes, c'est-à-dire que le Bacille qui était à la base sensible au traitement antituberculeux devient résistant au traitement antituberculeux, soit à un antituberculeux, soit à 2 antituberculeux majeurs. Parfois on peut avoir une tuberculose qui est ultra résistante, elle est même résistante aux anti-bacillaires de 2e ligne. Il y a 2 types de résistance, la résistance primaire et la résistance secondaire, et souvent cette résistance résulte de l’homme, donc c’est le fait que le malade ne suive pas correctement son traitement, le fait qu’il y ait des erreurs dans les traitements qui sont prescrits, qui font que nous sélectionnons les mutants résistants pour le Bacille tuberculeux. Il y a des malades qui peuvent parfois être contaminés d’emblée par des Bacilles résistants et souvent chez les patients, les erreurs dans la conduite du traitement sont parfois inhérentes même aux prescriptions qui sont faites et qui font que ce Bacille tuberculeux devient multi-résistant et donc difficile à traiter.

En ce qui concerne les antituberculeux justement, est ce qu’il y a des traitements innovants actuellement ?

Pour la tuberculose et les traitements de la tuberculose de première ligne, il y a les antibacillaires qui sont des antituberculeux classiques, qu’on connait depuis des années. Mais pour la tuberculose multi-résistante il y a des produits nouveaux qui sont utilisés. Ce sont des produits qui sont plus chers, des produits qui peuvent avoir des effets secondaires plus importants et dont l’efficacité pourrait être égale à celle des produits de première ligne, ce qui fait que la durée du traitement est beaucoup plus longue et donc le coût traitement est beaucoup plus important. Et c’est là que le message le plus important à passer est celui de bien traiter et sensibiliser le malade pour qu’il puisse suivre correctement le traitement prescrit par son médecin. Il faut respecter les régimes qui sont dictés dans les protocoles et qui sont établis par le ministère de la santé pour que le traitement soit efficace et pour qu’on évite l’apparition des tuberculoses multi-résistantes qui sont plus difficiles à prendre en charge.

Que pouvez-vous nous dire au sujet de la coïnfection tuberculose/VIH ?

Pour la coïnfection tuberculose/VIH, elle est plus importante dans certains pays, notamment des pays africains, par rapport à ce qui existe chez nous au Maroc. La co-infection VIH/tuberculose au niveau du Maroc est maintenant systématiquement recherchée et lorsqu’il y a un malade tuberculeux, on fait aussi un dépistage pour le VIH. Nous n’avons pas donc une coïnfection avec des chiffres importants et là le chiffre exact de la coïnfection tuberculose/VIH est de 1,7 pour 100, c'est-à-dire que sur 100 malades tuberculeux testés, 1, 7 sont porteurs du VIH

Peut-on un jour espérer aboutir à l’éradication de la tuberculose ?

C’est un rêve. Mais ce qu’on doit viser c’est d’accélérer le déclin de la maladie. Maintenant est-ce qu’on va arriver à se débarrasser complètement de la maladie ? Il faut dire que les expériences des pays occidentaux montrent que chaque fois qu’il y a quelque chose de nouveau qui peut apparaitre, la tuberculose peut ressurgir, si on veut, et c’est le cas des pays occidentaux, avec l’infection VIH. Certains pays ont cru avoir réglé complètement le problème de la tuberculose, que ce soit la France ou même d’autres pays européens et aux Etats Unis, mais on se rend compte que tant qu’il y’a la pauvreté, tant qu’il y’a des personnes qui sont démunies ou dans des conditions socio-économiques défavorables et difficiles, la maladie va persister.

Quelle est la place de la prévention et des campagnes de sensibilisation ?

Il est très important de faire la prévention parce que cela permettra d’éviter que les malades soient contaminés et des fois les mesures de préventions sont très simples. Se mettre la main sur la bouche lorsqu’on tousse et lorsqu’on crache, mette la main devant le nez lorsqu’on éternue, que les chambres soient bien aérés, qu’il y ait donc l’ensoleillement nécessaire au niveau des habitats… voilà des choses qui sont simples. Bien se nourrir aussi, éviter les stress importants, la vaccination BCG pour les enfants, en particulier au Maroc on sait que c’est une vaccination obligatoire à la naissance ce qui permet de réduire l’état de tuberculose pour cette tranche d’âge mais surtout aussi d’éviter de voir apparaitre des formes graves de tuberculose et ça on le constate dans la pratique de tous les jours nous voyons de moins en moins de formes graves rapports à ce qu’on voyait auparavant, notamment il y a une vingtaine ou une trentaine d’années, donc on voit moins de formes graves de la tuberculose. Ce qui est important aussi dans la prévention de la tuberculose, c’est de faire un bon dépistage des malades qui sont contagieux. Surtout que ce qui est contagieux dans la tuberculose, c’est la tuberculose pulmonaire, parce que la transmission se fait par voie aérienne. Il faut aussi dire qu’il y a des signes clairs de la tuberculose comme la toux, les crachats, la fièvre, les sueurs nocturnes qui persistent pendant plusieurs jours ou une altération de l’état général… Si tous ces signes sont observés il faut immédiatement consulter et lorsque la personne consulte, il faut que le diagnostic soit fait rapidement et démarrer aussitôt le traitement. C’est de cette manière que l’on pourra éviter tout risque de contamination dans l’entourage de ce patient.

Quel est le message que vous voulez transmettre à l’occasion de la journée mondiale de la tuberculose ?

Si j’ai un message a transmettre, celui-ci sera de dire que nous sommes tous concernés et nous devons tous agir contre la tuberculose, pas uniquement le ministère de la Santé, mais les autres composantes de notre société sont aussi concernées par cette lutte, que ce soit les autres ministères, les ONG, les sociétés savantes, la société civile, les différentes associations… Chacun a un rôle à jouer pour la lutte contre la tuberculose. Le déclin de la maladie sera possible si nous arrivons à réaliser cette prise de conscience collective et je suis sûr que nous arriverons à réaliser les objectifs que nous nous sommes fixés, à savoir descendre sous la barre des 50 nouveaux cas par 100.000 habitants.
L’autre message que je souhaite transmettre est destiné aux malades. S’il y a des malades qui ont des signes respiratoires qui traînent, il faut consulter rapidement pour que l’on puisse faire le diagnostic précoce afin de dépister rapidement et traiter. Pour les gens qui ont des malades tuberculeux dans leur entourage, il faut faire des dépistages autour du cas et bien entendu traiter rapidement tous les cas diagnostiqués. Le traitement de la tuberculose doit être bien suivi conformément aux prescriptions médicales, il faut dire que la tuberculose est une maladie curable quand celle-ci est bien traitée, quand le régime thérapeutique est bien respecté, d’où l’importance d’insister sur l’information et l’éducation des malades afin qu’ils puissent prendre conscience de l’importance de leur traitement qu’il faut prendre a heure fixe .Il faut savoir que le traitement de la tuberculose est gratuit , il est donné aux malades au niveau des centre de santé du ministère de la Santé, de même qu’il faut souligner que la prise en charge de la tuberculose est totalement gratuite aussi bien en ce qui concerne le diagnostic que le traitement.

Écrit par Ouardirhi Abdelaziz

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