Chez nous, le débat n’est pas encore à ce niveau, le vaccin n’étant pas encore généralisé. MSD, le laboratoire pharmaceutique qui a développé ce médicament, compte tout mettre en œuvre pour la mise en place d’un programme national de vaccination. Pour cause, «pas plus d’une centaine de vaccins sont vendus annuellement au Maroc», regrette Yasmine Bengeloun, directrice générale de MSD Maroc. Une sortie médiatique qui coïncide avec la conférence internationale pour la lutte contre le cancer au Moyen-Orient et en Afrique, organisée par l’association Lalla Salma de lutte contre le cancer (ALSC) à Marrakech.

La maladie, peu connue du grand public, n’est pas à prendre à la légère. Chaque année, plus de 1.150 Marocaines trouvent la mort à cause du cancer du col de l’utérus. En 12 ans, ce chiffre sera porté à plus de 2.000 décès. Après le cancer du sein, celui du col de l’utérus est le plus répandu au Maroc.

Annuellement, 1.979 nouveaux cas sont diagnostiqués. La maladie est d’autant plus grave qu’elle est rejetée par la société. En effet, «plusieurs femmes ont été répudiées ou repoussées par leurs maris alors qu’elles étaient traitées contre ce cancer», déplore, Pr. Aïcha Kharbach du service de gynécologie obstétrique et endocrinologie à la maternité Souissi à Rabat. Le cancer est décrit par la société comme «el mard l’khaïb» (la maladie du mal). Pis encore, le rejet est plus important lorsque le cancer touche les parties intimes. Toutefois, la science a réalisé beaucoup d’avancées dans ce domaine. Le cancer du col de l’utérus est le seul à avoir une origine connue des scientifiques, le papillomavirus humain (HPV). Mieux encore, un vaccin a été commercialisé depuis 2006. La vaccination contre l’infection par le HPV reste un moyen important pour prévenir le cancer du col de l’utérus. «En outre, le vaccin quadrivalent de MSD est le seul vaccin qui protège également de deux autres types de HPV qui sont, eux, responsables de plus de 90% des verrues génitales», explique Anis El Mekaoui, directeur médical chez MSD Maroc. Les verrues génitales sont transmissibles de la mère au système respiratoire de l’enfant pendant l’accouchement. Cette vaccination est possible de l’âge de 9 à 45 ans. L’important est qu’elle soit réalisée avant le premier rapport sexuel de la femme. «Vu qu’au Maroc l’âge du premier rapport sexuel est très bas, en particulier dans les campagnes, nous préconisons ce vaccin pour les filles de 11 à 12 ans», tient à préciser Pr. Kharbach.

Ilham BOUMNADE