Ces femmes médecins avaient alors affirmé qu'il leur était difficile de rejoindre leurs postes en raison de leurs engagements conjugaux. Elles avaient également invoqué une circulaire du ministère de la Santé qui permettait aux femmes médecins mariées d'être affectées dans un rayon de 100 km de la zone où se trouve le domicile conjugal. Un long bras de fer s'en est suivi avant que les médecins en question ne décident de porter l'affaire devant la justice. Le tribunal administratif de Rabat allait par la suite émettre un jugement en faveur des plaignantes remettant en cause la décision du ministère de la Santé. Aujourd'hui donc, le ministère annule les affectations qui avaient déclenché la polémique. «En respect des décisions judiciaires, le ministère de la Santé a exécuté les jugements émis en annulant les premières affectations», lit-on dans le communiqué parvenu à la rédaction. Cependant, une nuance attire l'attention dans le même document.

Les responsables du département de la Santé signalent que les femmes médecins seront considérées comme de nouvelles diplômées. Autrement, elles ne seraient pas affectées dans les CHU, mais selon les besoins du ministère. Les responsables expliquent cette décision par un «souci d'équité» envers les lauréates de la même promotion ainsi que celles des promotions ultérieures qui n'avaient pas contesté les affectations. Au cas où celles-ci seraient changées pour satisfaire les demandes des spécialistes contestataires, toutes les affectations effectuées, même celles qui n'ont pas été contestées, devraient changer. «Le ministère de la Santé ne peut pas privilégier les intérêts privés des femmes médecins mariées au détriment de l'intérêt public. De même, le ministère ne peut pas continuer à affecter l'ensemble des médecins sur l'axe Rabat-Casablanca, de peur de faillir au principe de l'égalité de tous les citoyens à l'accès aux soins», ajoute le communiqué.

Comme solution, les responsables annoncent une décision consistant à faire bénéficier les femmes médecins spécialistes du mouvement de mutation une année seulement après leur affectation.

Ainsi, 43 médecins de la promotion de 2007 auraient déjà bénéficié d'un redéploiement depuis. Selon les chiffres du ministère de la Santé, quelque 498 femmes médecins ont rejoint leurs postes depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle procédure d'affectation. Au total, 30 médecins ont contesté les décisions d'affectation, notamment à Azilal, Béni Mellal, Al Hoceima, Berkane, Boujdour, Boulemane, Chefchaouen, Oujda, Tan-Tan, Errachidia, Taounat, Taroudant, Taza, Tiznit, Smara, Khénifra, Lâayoune, Nador, Oued-Eddahab, Jerrada et Kelaat-Sraghna. Reste à savoir maintenant si les femmes médecins accepteront d'être affectées dans les nouveaux postes mêmes. Le ministère reste pour sa part ferme. Les nouvelles affectations se feront en fonction du besoin de l'administration.

Flash-back

En 2007, une cinquantaine de femmes médecins spécialistes contestent leur affectation par le ministère de la Santé dans des villes situées à des centaines de kilomètres de leurs maisons familiales.

Pour le ministère, il était question de répondre au besoin en ressources humaines en dehors de l'axe Kénitra-El Jadida, alors que les femmes médecins disaient qu'il fallait absolument prendre en considération leurs engagements familiaux avant toute affectation. En effet, les femmes médecins étaient affectées avant 2008 dans un rayon de 100 Km de la maison conjugale. Certaines lauréates de la promotion de 2007 voulaient bénéficier de cette même dérogation. De même, les tirages au sort pour déterminer les villes d'affectation n'ont pas été effectués selon les contestataires.

Repères

Lauréates

206 femmes médecins ont rejoint leur poste en 2007

Redéploiement

43 femmes médecins de la promotion de 2007 ont été mutées seulement une année après leurs premières affectations.

Par Mohamed Badrane