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La presse | Tunisie | 13/10/2023 | Lire l'article original
Le fait est là ! Tous ceux qui ont accédé à la tête du département de la Santé ont fait preuve d’une mauvaise gestion du dossier. Certes, le constat semble inquiétant, mais il n’est guère surprenant.
Notre santé publique ne se porte pas bien. Cela n’est guère une fatalité. Mais bien une évidence qui tient à la réalité crue d’un secteur à bout de souffle, dont l’œuvre de réforme a toujours buté sur d’énormes difficultés, à toutes les échelles.
En témoignent, sans détours, médecins et personnel de santé, eux-mêmes las d’avoir pointé du doigt les maux de nos hôpitaux. Combien de fois ils ont protesté et alerté sur un tel état des lieux affreux, lequel n’est que la suite des stratégies improvisées et mal conçues. Seul le pauvre patient en paie les frais.
Certes, la vérité dérange. Nos hôpitaux sont en danger bien réel. D’autant que le droit d’accès à la santé n’est plus garanti. Contrairement à ce que stipulent la Constitution tunisienne et celles du monde entier, étant donné que l’être humain est digne de tout respect et que ses droits priment sur tout autre considération. On ne badine pas avec sa santé ! Dans nos hôpitaux, les patients peuvent être confrontés à des risqies à cause de certaines négligences. On les traite grossièrement et sans ménagement, loin des petits devoirs de convenance et de civilité. Les prendre en charge, les accompagner tout en leur fournissant les soins nécessaires dont ils ont besoin, en urgence, cela n’est pas toujours garanti. Aller prendre un rendez-vous, se faire consulter ou s’informer de quoi que ce soit, vous risquez de vous engouffrer dans le maquis de la bureaucratie, à n’en plus finir. Des seniors, des handicapés ou des malades épuisés, pourtant munis de leurs carnets de soins à tarifs réduits, ont du mal à s’inscrire aussi facilement. Pour eux, la longue attente est une véritable torture. Alors, se faire soigner dans la dignité n’est-ce pas un droit acquis? Oui, mais, en Tunisie, on ne fait pas dans la dentelle. Pourquoi tout service correctement rendu ou tel rôle dûment accompli revêtent-ils souvent l’aspect d’un privilège gratifié ? Voire une faveur exclusivement accordée à certains patients aux dépens des autres. En effet, tous ces comportements aussi extravagants ne font que cultiver indécence et favoritisme. Pire, dans un tel milieu sensible à tous ces abus, cela pourrait coûter très cher en vies humaines.
A ce paysage hospitalier indiscipliné s’ajoutent corruption et mauvaise foi. Face à une telle situation intenable, marquée par des structures quasiment défaillantes, le projet de réforme sanitaire demeure, aujourd’hui, plus que nécessaire. Voire impératif, à plus d’un titre. Or, la vérité a toujours un visage blafard : infrastructure de base mal en point, appareils et équipements complètement dégradés, produits périmés, services de soins rendus inhumains, défauts médicaux sans restriction, rapports personnel-patients tendus, centres hospitaliers en état d’urgence, médicaments en rupture de stock… La crise du secteur n’est plus à démontrer. Et les chiffres sont têtus : «Près de deux millions des Tunisiens n’ont aucune couverture sanitaire, alors que presque trois quarts d’entre eux ont du mal à bénéficier de soins de qualité», ainsi dénonçait l’Association tunisienne de défense du droit à la santé. Et pourtant, on paye aussi cher nos frais médicaux et consomme assez de médicaments qui ne sont plus à la portée de toutes les bourses.
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