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La presse | Tunisie | 16/06/2023 | Lire l'article original
Partout ailleurs, sur le reste du territoire national, la médecine de spécialité fait encore défaut, d’autant plus que le ministère de la Santé a failli à son rôle de bon commandant.
On n’en finit pas d’organiser les journées médicales et multiplier les caravanes multidisciplinaires tous azimuts, sans jamais penser à s’attaquer, une fois pour toutes, aux vrais problèmes de la santé, dont la médecine de spécialité. Cette dernière, qui s’érige en privilège spécifique pour certaines régions, ne l’est pas pour beaucoup d’autres.
Faute de quoi, nos régions intérieures continuent à compter leurs patients victimes d’un dispositif de santé à deux vitesses qui n’a fait, au fil du temps, qu’exacerber les inégalités et les clivages sociaux. Discrimination positive, ce vocable, bien dit et dont on entend parler à merveille, n’est qu’un jargon figé, ne serait-ce qu’un faux semblant. Le droit d’accès aux soins, la réalité en dit long. C’est que les chiffres ont mis à nu une vérité qui dérange : près de deux millions de Tunisiens n’ont aucune couverture sanitaire, alors que les trois quarts de la population ont du mal à bénéficier de soins de qualité dans nos hôpitaux. Et pourtant, l’on paye aussi cher des consultations médicales et on continue à consommer assez de médicaments qui ne sont plus à la portée de tous.
Partout ailleurs, sur le reste du territoire national, la médecine de spécialité fait encore défaut, d’autant plus que le ministère de la Santé a failli à son rôle de bon commandant. Le ballet des chefs, ayant succédé à ce département, fit valser les mots et les souhaits, mais le résultat demeure toujours peu reluisant. Il n’y a ni bonne stratégie ni actions porteuses. A preuve, le projet de réforme sanitaire, lancé depuis une bonne dizaine d’années, fait encore du surplace, quitte à partir en fumée. Nos hôpitaux locaux ne se dotent, ou presque, d’aucun médecin spécialiste. A moins que certains s’y déplacent, volontairement, lors d’une caravane de santé. D’autres hésitent toujours à répondre à l’appel.
Entre-temps, l’eau a coulé sous les ponts ! Et le constat est devenu de plus en plus alarmant. Soit, autant d’incidents et drames hospitaliers de trop qui sont le corollaire d’une inertie médicale en flagrant délit. Combien de femmes ont trouvé la mort à bord d’une ambulance mal équipée, parce qu’elles n’ont pas pu accéder à un service de gynécologie dans leur hôpital local. Et combien de fois l’absence d’un médecin spécialiste a coûté la vie à plusieurs patients démunis. A cela s’ajoutent des équipements et des moyens plus souvent désuets et hors exploitation. Scanners et IRM étant constamment en veilleuse, alors que d’autres services fonctionnent au ralenti. Dans nos hôpitaux publics, sans exception, prendre un rendez-vous relève d’un parcours du combattant. Un calvaire !
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