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19/11/2025 - Afrobarometer - Afrique
Les droits des femmes et des filles au regard de la santé reproductive et sexuelle (y compris l’accès à la contraception et à l’interruption volontaire de grossesse) sont très variables en Afrique du fait de contextes juridiques, culturels et religieux différents. Par exemple, la plupart des pays africains ont hérité de lois restrictives en matière d’avortement qui datent de l’époque coloniale, et on estime que 92% des femmes en âge de procréer en Afrique subsaharienne vivent dans des pays qui interdisent l’avortement ou le restreignent à des situations où la vie ou la santé de la femme est menacée (Bankole, Remez, Owolabi, Philbin, & Williams, 2020).
De nombreuses sociétés africaines ont également des normes culturelles ou des croyances religieuses profondément enracinées qui stigmatisent l’avortement (Makenzius, McKinney, Oguttu, & Romuld, 2019), ce qui peut dissuader les gens de rechercher ou de fournir des services dans des contextes où il est légal (Jim et al., 2023). L’avortement, qui dans de nombreux pays est un indicateur des droits plus généraux en matière de santé sexuelle et reproductive dont disposent les femmes et les filles et auxquels elles ont accès, est donc souvent politisé sur le continent (Williams, 2025).
Le module d’enquête du Round 10 d’Afrobarometer consacré à la sante et aux droits sexuels et reproductifs (SDSR) pose une série de questions sur l’avortement, l’accès à la contraception, l’éducation sexuelle et l’autonomie des femmes. Le caractère très sensible de ces questions pose des défis tant pour la conception du questionnaire que pour l’analyse des données. Poser des questions directes sur ces sujets peut mettre mal à l’aise, ce qui peut entraîner un taux plus élevé de refus ou de réponses évasives parmi certains groupes (distorsions de non-réponse). Les répondants à l’enquête peuvent également se sentir obligés de donner des réponses socialement acceptables, plutôt que des réponses sincères (distorsions de désirabilité sociale). Ces défis peuvent avoir un impact sur l’exactitude et l’interprétation des données, ce qui diminue la validité et la fiabilité des réponses obtenues et limite les possibilités que ces résultats informent les politiques publiques.
Cette note méthodologique utilise le module SDSR du Round 10 pour illustrer les défis liés à l’étude des attitudes socialement sensibles et présenter certains des outils diagnostiques susceptibles de servir à évaluer la qualité des éléments du questionnaire et leur pertinence pour l’analyse. Les outils de diagnostic vont des analyses descriptives à des tests de validation psychométrique plus avancés. Les données provenant des 38 pays sondés entre janvier 2024 et septembre 2025 montrent que les taux de réponse aux questions indiquent que la plupart des pays respectent les critères recommandés, ce qui permet une analyse fiable au niveau infranational. Des ventilations supplémentaires par sexe, tranche d’âge et religion sont donc possibles. La prudence est toutefois de mise lors de l’analyse des données provenant de l’Angola, de la Guinée-Bissau, de Maurice, du Maroc et de la Tunisie en raison des taux élevés de non-réponse pour de nombreux éléments.
En outre, la validation psychométrique (tests visant à évaluer l’efficacité des questions) démontre que les différents éléments ont des performances variables selon les pays, ce qui nécessite une sélection rigoureuse des questions pour la conception scalaire (combinaison de questions en mesures composites, ou « échelles ») et/ou l’analyse d’une seule question. Bien que l’utilisation scalaire des éléments individuels soit recommandée, celle-ci varie d’un pays à l’autre, ce qui nécessite de sélectionner des éléments différents dans chaque pays. Dans l’ensemble, certaines questions ont obtenu de meilleurs résultats que d’autres dans la majorité des pays, et des recommandations sont formulées pour chaque pays quant à la sélection et à l’utilisation des différentes questions, soit comme éléments d’échelles composites, soit pour l’analyse d’une seule question.
Sur la base de ces données, nous recommandons vivement aux chercheurs de commencer par examiner en détail le contexte juridique et social spécifique des droits sexuels et reproductifs dans chaque pays, car ces facteurs sont susceptibles d’influencer les réponses. Cela vaut particulièrement pour les questions relatives aux sujets les plus sensibles, tels que l’avortement.

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