Le système sanitaire tunisien souffre de nombreux dysfonctionnements responsables des conditions de travail catastrophiques dans les hôpitaux régionaux, ainsi que de la dégradation de la qualité des prestations et des services destinés aux citoyens. Aujourd’hui, ces défaillances sont non seulement derrière la désaffection des jeunes médecins spécialistes qui rechignent à s’installer dans les régions, mais elles sont la partie visible de l’iceberg dans la plupart des établissements régionaux où les complications et les accidents qui surviennent révèlent et mettent souvent à nu les dysfonctionnements sous-jacents au système.

S’intéressant à l’état de la situation sanitaire, International Alert Tunisie, l’Association Shamseya pour la gestion des systèmes de santé, l’Association tunisienne pour la défense de la santé publique et les droits de ses utilisateurs et le réseau régional d’associations de Tataouine ont réalisé une étude afin d’évaluer la qualité des services publics sanitaires dans le gouvernorat de Tataouine. Cette étude sur le terrain qui a duré deux ans s’est articulée autour de cinq axes, citons l’évaluation du degré de satisfaction des citoyens qui se sont fait soigner ou qui se soignent à l’hôpital, le diagnostic des forces et des faiblesses du système de soins dans les hôpitaux publics et l’exploitation des résultats afin de s’en servir comme base pour l’élaboration de recommandations qui seront soumises aux décideurs et aux exécutants des politiques de réformes.

Un questionnaire a été adressé à 1.100 habitants représentatifs des délégations de Tataouine qui ont été interrogés sur leur appréciation de la qualité des prestations et des soins dans l’hôpital régional. L’enquête s’est également basée sur des visites de terrain et sur les conclusions découlant de discussions avec des infirmiers et des médecins exerçant à l’hôpital régional et des autorités locales. Selon les résultats de cette étude, les personnes questionnées ont attribué la note de 4 sur 10 à la qualité des services de secours (urgences) et de 4,6 sur 10 à celle des consultations externes et des services des laboratoires médicaux. Outre le problème de la qualité, une autre question a été soulevée : celle de la distance séparant les hôpitaux régionaux et les CHU des délégations où habitent les citoyens questionnés. D’après l’enquête, une cinquantaine de kilomètres séparent la plupart des délégations de l’hôpital régional, alors que le CHU le plus proche se trouve à 307 kilomètres obligeant les citoyens à se rabattre sur un cabinet ou une structure hospitalière privée pour aller se faire soigner. Ces résultats seront sûrement d’un précieux apport pour l’élaboration des futurs stratégies et programmes de réforme des établissements hospitaliers publics.

Auteur : I.H